Oh, ça oui.
Bon, vous devez avouer que je vous ai eu, d’une certaine façon, n’est-ce pas? Comme le dit si bien l’expression, je suis tombée sur la tête…
Mais ce n’est pas de la folie. Non, pas d’impulsivité ou n’importe, pas quelque chose de fou que j’ai fait. Bref, le titre est captivant écrit de cette manière mais… je ne suis pas tombée sur la tête comme le veut le dicton populaire.
Je suis tombée sur la tête mais pour de vrai. Tombée sur ma vraie tête. J’aurais même jamais cru moi-même être tombée de cette façon car je n’ai aucun souvenir, anyway. Ça a probablement quelque chose de bon, de ne pas avoir ces images en tête, justement.
Vous étiez peut-être au courant, possiblement pas au courant non plus alors ce soir, après deux mois à penser à mon histoire en solo, qui tourne souvent trop en boucle entre ma bouche et mes oreilles, j’ai décidé de vous livrer cette partie de moi, cette histoire qui n’en est pas une belle. Une histoire d’horreur, une histoire qui fait peur, j’oserais dire. En fait, il y a quelques semaines à peine, je la croyais ainsi mais… comme je tourne toujours le côté de la médaille, malgré tout, j’en retire du bon.
Prêt? Attachez bien votre casque…
Oh, parlant de casque hein? C’est ce que j’aurais dû avoir sur la tête, la journée du 10 octobre 2021, au lieu d’une simple queue de cheval. Un casque oui, en fait, je l’avais, mais dans la valise de l’auto de mon chum. Pratique hein? Bon, l’intention était là, somme toute.
Alors ce casque, oui, j’aurais dû le porter. Je vous raconte et au pire, vous me dites si vous l’auriez porté vous, à la fin de l’histoire, deal? Ok!
Mon copain et moi avions décidé de prendre nos vacances d’été pas mal tard cette année. Pas nécessairement par choix, quoiqu’on s’en plaignait pas trop, mais comme nous étions beaucoup trop occupé cet été avec le boulot et tout le reste, nous avons dû reporter les belles journées chaudes d’été au mois d’octobre. Heureusement, la semaine durant laquelle j’étais partie dans l’Est du pays en vacances, justement, c’était une semaine avec la même météo qu’au début du mois de septembre. NICE! On était content car on avait l’opportunité de jouer dehors en masse. Et c’est ce qu’on voulait.
Randonnée dans la Baie de Fundy, des ballades dans le sable rouge de l’Ile-du-Prince-Édouard, un peu de shopping, des bons restos, des visites de bâtiments historiques magnifiques et surtout… du skateboard! Le voyage était ma foi, tellement parfait. J’ai adoré toutes les villes et toutes nos journées sauf… la dernière.
Nous étions donc en Nouvelle-Écosse pour le dernier moment de ce roadtrip dans les maritimes. Belle place hein la Nouvelle-Écosse, wow, vraiment. Nous en étions déjà donc, à notre dernière journée (enfin, c’est ce qu’on croyait!) et nous avions prévu profiter du soleil et de la chaleur pour faire la tournée des incroyables skatepark entre Halifax et 5-6 villes qui se situent au total à quelques heures de là. Déjà, nous en étions à notre 3e skatepark en début d’après-midi, soit celui de Bridge Water. Wow, un gros parc avec tellement de modules différents et qui permet de rouler à une vitesse incroyable. Une vitesse incroyable, oui… malgré mon habitude de rouler partout et rapidement, je n’ai pas eu la chance de remarquer, avant ma dernière descente, que le parc n’était pas identique quant aux modules de chaque côté. Du côté gauche, on pouvait descendre et arriver sur le »Flat », ce que j’avais fait à mainte reprise déjà quelques minutes plus tôt et du côté droit, c’était plutôt une bonne curve qui montait et redescendait assez »quick » merci. J’ai donc passé du côté droit, en fixant quelque chose d’autre que mon skateboard, j’ai atteint la plus grande vitesse en 4 ans (selon mon chum!) et j’ai rentré droit devant dans la bosse sans la voir. BANG. Blackout total.
Je n’ai jamais redescendu cette maudite bosse. Je l’ai même pas monté au complet, que mon pied à sortie de ma planche dû à mes genoux qui n’étaient pas prêt à fléchir et je suis tombée sur le côté droit et par en arrière à la foi.
Perte de conscience, yeux qui tournent, flaque de sang qui commence à me sortir par l’oreille mais qui provient de l’intérieur de ma tête.
C’était le dimanche et je n’ai aucun souvenir jusqu’au jeudi qui a suivi. Ce que je vous raconte, c’est mon chum, qui m’a d’ailleurs sauvé la vie, qui me l’a raconté à de nombreuses reprises.
Jean Mathieu arrive donc à moi et se met à paniquer en voyant mes yeux et mon sang. Il crie donc de toute ses forces : HELP ME! dans le skatepark. Les gens qui y étaient, étaient vraiment des anges. Ils ont appelé le 911, ont soutenu ma tête et ont tenté de faire arrêter mon hémorragie dans le cerveau.
Je suis ensuite parti en ambulance vers l’hôpital de Bridgewater et j’ai passé un taco. À peine deux heures plus tard, j’étais maintenant dans un hélicoptère en direction de l’hôpital d’Halifax pour rentrer aux soins intensifs neurologiques, où je suis d’ailleurs restée jusqu’au vendredi après-midi.
Je vais vous épargner toutes mes péripéties à l’hôpital mais… en gros, cet accident m’a causé une fracture à la base du crâne, une hémorragie dans les méninges, un choc ultra violent à l’avant du cerveau et sur le côté gauche, ce qui a causé un traumatisme crânien également, une cassure au niveau de la mastoïde et un déséquilibre dans l’oreille droite. J’étais vraiment sonnée. J’ai encore de la misère à croire que je suis vivante et fonctionnelle même après ce dur coup à la vie.
Les spécialistes croient au miracle quand il pense à mon histoire. Pour une fois dans ma vie, je peux admettre que j’ai été terriblement chanceuse. On m’a quand même dit que j’étais à 50% de chances de survie. D’ailleurs, mon cerveau a tellement travaillé fort durant 4 jours à garder mes organes en vie qu’il n’a pas eu la force d’enregistrer tout ce qui se passait autours. J’ai même fait des tests d’audition, en anglais, que j’ai d’ailleurs tout eu bon (?!?) et j’en ai aucun souvenir. C’est fou à quel point l’être humain devient fort et incroyable lorsqu’il sait qu’il est en mode survie… merci la vie!
Malgré les nombreux suivis avec le médecin, l’ORL, le neurologue, l’ophtalmologue, la travailleuse sociale, la physio et la neuropsy ainsi que le kinésiologue, qui prennent pratiquement tout mon temps depuis deux mois, je me tiens occupé avec la créativité et c’est ce qui m’a aidé selon eux. Je n’ai pas chômée, ce n’est pas pour me vanter… mais je dois avouer que j’ai tellement eu peur de rester avec de graves séquelles et de devenir trop »slow down » et de ne pas récupérer afin de continuer ma vie, que chaque jour j’ai donné toute ma force intérieur mentale et même toute ma force physique pour y arriver.
Aujourd’hui, j’ai pris du mieux, vraiment. Chaque jour je remercie la vie et toute l’équipe qui m’a prise en charge. Je remercie autant que je le peux par des petits cadeaux ou des beaux mots, toute mon entourage, amis, famille et collègue, qui ont assurément jouer un très grand rôle dans ma réhabilitation et qui m’ont aidé à ne pas vivre une grosse dépression. Merci, je ne le dirai jamais assez.
Il est certain que mes habitudes ont changés, je suis plus limité. Mais… ma vision de la vie a entièrement changée et je vous dirais même, pour le mieux. J’ai compris que rien n’est acquis, rien n’est promis. Avec un peu de chance, un peu de croyance mais surtout en se parlant beaucoup à soi-même, en gardant l’espoir et la motivation, en se donnant une chance de plus à chaque jour, en disant ce que l’on ressent vraiment, ce qu’on a envie ou même quand nous ne pouvons plus supporter quelque chose, nous ne pouvons pas marcher plus vite… en se pardonnant de notre accident et surtout en se permettant de continuer de vivre sa vie et d’y croire encore et encore, même dans les pires moments durant lesquels j’ai pleuré… on peut y arriver. ON PEUT!
Mais ça, personne ne pourra le faire à ma place. Je suis la seule qui peut vraiment me convaincre et faire en sorte que cette fois, je ne passerai pas sur la bosse pour me blesser et me laisser aller mais bien, passer à côté et simplement continuer…
C’est à 32 ans que j’ai ma plus grande leçon de vie. Et c’est vrai qu’il faut le vivre pour comprendre…
Oh et en passant, je ne goûte plus et ne sent plus les odeurs depuis mon accident. Pouvez-vous faire une petite prière pour moi afin que ça revienne? Trop gentil, merci!
Au final, j’en tire aussi de belles leçons… Comme quoi nous sommes les seuls maîtres de nos vie et qu’on ne fait pas de sport extrême sans… sans quoi dont? SANS TON CASQUE SUZIE!
Pi toi aussi, ok mon ami?
À bientôt les simplistes… et merci pour votre appui, j’apprécie!
