Par Jessica
Un certain matin de septembre, je me rendais à mon école de stage, là où mes derniers moments en tant qu’étudiante en enseignement devait se passer. Si près du but, on se dit que même si c’est difficile, on va y arriver parce que tout le monde passe par là. On se compare, on se convainc que si on rêve de dormir et non d’être devant 25 élèves c’est seulement parce qu’on ne dort pas autant qu’on ne le devrait. C’est le contexte étude-stage-travail étudiant le problème. C’est la même chose pour tout le monde, je ne suis pas si faible, donc je vais me lever et aller dans la classe, faire ma journée et aller dormir.
C’est justement là, le problème, ce désir de vouloir tant être ailleurs. J’en vois même plusieurs dans cette petite mise en contexte. Cette réflexion, elle tournait dans ma tête tous les matins depuis trop longtemps. Je ressentais trop souvent le besoin de dormir, de ne rien faire et ma motivation avait disparu sans que je ne m’en rende trop compte. J’ai pris une décision difficile ce matin-là, en compagnie de ma superviseure de stage, que je ne remercierai jamais assez d’ailleurs.
J’ai décidé de me choisir, de mettre ma petite personne en priorité, d’arrêter, mettre ma vie sur pause pour un bout de temps, question de reprendre des forces avant de toucher un fond qui menaçait de m’attirer avec plus de vigueur chaque jour. Non, je ne terminerai pas mon BACC cette année comme tout le monde. C’est pour revenir plus forte que je prends un petit détour. Mais t’sais, ça donne quoi au juste d’être « comme tout le monde »?
Mes raisons toutes simples
Cette journée-là, j’ai reçu un miroir en plein visage. On a tendance à minimiser ce qui se passe dans notre tête et on veut en quelque sorte penser à autre chose. C’est tellement logique d’ignorer les problèmes qu’on rencontre, c’est comme ça qu’ils semblent disparaître. NOT. La vie étudiante n’est pas facile pour personne, mais certains la gèrent mieux que d’autres, disons-le comme ça. Les stages en enseignement sont très exigeants, vient aussi les travaux, le travail étudiant, bref vous connaissez le style de vie pas très sain. La majorité s’en sort sans énorme difficulté, d’autres, comme moi, doivent faire escale pour pouvoir y arriver. La fatigue, le stress et les changements qui peuvent survenir dans une année sont des facteurs qui agissent tellement sur le moral et la motivation! Ces émotions prennent parfois le dessus et c’est difficile de les contredire. Pour ces raisons et beaucoup d’autres, ma décision a été de prendre un moment pour réfléchir, calmer mon stress (n’étant pas une personne stressée dans la vie, c’est une chose lourde à gérer quand ça arrive d’un coup!) et faire des choses qui me plaisent vraiment.
Mon chemin est différent, ouan pis?
Après quelques jours, ce n’était plus un secret pour personne. Ce qui est difficile, c’est de se demander ce que les autres pensent de tout ça. Même si tu ne devrais pas t’en faire, parce qu’assez de choses se passent déjà dans ton petit cerveau, c’est plus fort que n’importe quoi. La question la plus ardue à répondre, c’est certainement « Mais tu vas faire quoi de tout ce temps? ». Comme si c’était si mal de ne rien faire. On m’a souvent dit: oh, tu vas travailler alors, je comprends. Non, je ne vais pas travailler. Les visages changent et deviennent perplexes. On a l’impression de passer pour une paresseuse ou même une personne faible et sans volonté. Sentir le besoin de justifier comment on va meubler le temps qu’on a décidé de prendre pour soi est assez difficile, déjà que prendre cette décision n’est pas simple.
Après avoir réfléchi, j’ai arrêté de m’en faire un peu parce qu’après tout, si les gens ne sont pas contents de ma réponse, si ça les dérange, s’ils me jugent, ce n’est pas à moi que ça fait du tort. Je choisis d’être le petit nombril de mon monde ces temps-ci et c’est tant mieux pour moi. T’es la seule personne qui sait ce qui se passe dans ton corps et ta tête, tu devrais être la seule concernée par cette décision, t’sais. J’ai compris un peu plus que je suis la gagnante de cette histoire et que même si mon chemin est différent de tout le monde, ça ne regarde personne d’autre que moi.
Si tu te demandes pourquoi je te raconte tout ça, c’est pour te sensibiliser au fait que parfois, on en demande un peu trop à nous-mêmes. C’est très courageux d’admettre qu’on doit prendre une pause pour mieux revenir. Parfois, c’est nécessaire de prendre du recul et mettre des choses en suspend pour quelque temps. Ça peut s’appliquer dans tellement de situations! Tu peux décider de prendre une semaine de repos, mettre un projet sur pause pour te concentrer sur un autre, dire non à certaines choses. Je veux que tu penses à toi parce que t’es la chose la plus précieuse de ton monde. Si tu ne fonctionnes plus à ton plein potentiel, tu es la première qui souffre. On ne devrait tellement pas avoir peur du jugement des autres ou craindre la façon qu’ils vont nous recevoir. Tu te connais mieux que personne, tu sais ce qui est bon pour toi et tu devrais avoir confiance en tes décisions, te mettre en priorité sur ta liste de choses à faire. Prends une marche dans les feuilles d’automne, écoute ton film préféré et vas le chercher ton Pumpkin Spice Latte au Starbucks, c’est ce qui te fait plaisir et c’est le plus important.
N’aies jamais peur de t’écouter, ton corps et ta tête. Tu as tes propres limites et c’est correct de ne pas être Wonderwoman comme la Girlboss sur Instagram. Cumule tes petites victoires et sois la personne que tu veux rendre fière. Parfois, il faut aussi se regarder le nombril.
Jessica xoxo