Par Suzie

Vient!

Donne-moi ta main. Suis-moi. T’as pas besoin de savoir où on va, anyway je le sais même pas. Allez, fait juste fermer la porte derrière toi et suis-moi.

On marchera ensemble. On fera des pas en même temps, à la même seconde et dans la même direction. Quelle direction? Bah, on verra! Est-ce qu’il y a le feu à la maison? Non. Alors pas de stress, pas de nécessité à connaître cette direction, suis-moi et donne-moi raison. Je suis certaine qu’en se laissant guider par la couleur des lumières du centre-ville et par les poussées du vent, on arrivera là où il le faudra. De toute manière, tant qu’on est ensemble, moi ça me va. Pi toi?

On coordonnera nos pas tout au long de cette balade mon amour. On fera tout ensemble parce que je ne veux plus rien faire sans toi. Pas besoin de parler, mais comme je nous connais, on arrêtera pas de le faire et d’en rajouter. On arrêtera pas de rigoler. De se raconter notre journée, sans oublier le fait de se rappeler pourquoi nous sommes des tendres moitiés. Et puis appart de ça, on sautera en même temps, aux même pas, par-dessus les mêmes craques de trottoir. On s’inventera des jeux si tu veux. On s’inventera une vie aussi, tu sais à quel point ça nous rend heureux. Quand on s’imagine la vie qu’on souhaite avoir tous les deux.

Parlant de cette vie qu’on souhaite à voir… On attend quoi? Moi je pense que mon idée de t’amener marcher à mes côtés était l’occasion parfaite pour commencer à l’étaler, et puis pas juste sur papier ni même juste pour jaser. Pi si on se disait qu’à chaque pas ajouté à cette marche de fin de soirée, on se rapprochait de cette vie rêvée? T’es tu game toi de toute lâcher? Si je te disais que demain on rentre pas travailler, qu’on sort juste de notre bel appartement sans être stressé parce qu’il n’y aura même pas d’alarme qui va avoir sonné, on fait juste mettre nos souliers et puis on descends l’escalier pour retourner se balader? Allez! Dit oui. On arrêtera s’acheter un café et puis on se prendra un croissant chez un marchand du quartier pour déjeuner.

J’ai envie qu’on se donne le droit. Qu’on se donne du temps. Du vrai temps. Pas du temps calculé pré-programmé. Du temps de «je me sens obligé» ou du temps de «ouin… faudrait ben que je passe quelques minutes avec mon bien-aimé d’ici la fin de la journée…» Du vrai temps, comme celui qu’on partage ensemble lors de nos balades. Du temps qui au final, n’en est plus. Parce que tout semble s’arrêter autour de nous, sauf nos pieds qui continuent d’avancer.

On arrête tu d’être pressé? De faire des pas machinales pour me rendre au bureau et toi dans ton truc d’hôpital? On arrête tu juste se prendre un café, de goûter pour vrai notre première gorgée et se regarder dans les yeux toute suite après pour constater et se dire à quel point il est bon ce café? Qu’il goûte un peu moins stressé que les autres matinées?

Qu’il goûte un peu plus la liberté, l’amour et le genre de vie qu’on a toujours rêvé?

Allez bé. Prend ton manteau, prend ma main et ferme juste la porte derrière toi. Je t’invite à venir marcher, à venir nous rappeler à quel point on s’aime et à quel point on a pas besoin de gens et d’une vie stressée pour nous gérer.

Juste toi, moi, nos pieds et puis… ce café.

Et si ce n’est pas aujourd’hui, on sera dû pour une autre journée. Quand? Je ne sais pas, c’est défendu de l’inscrire au calendrier. Après tout, c’est un peu plus proche de ça, j’imagine, la liberté et notre vie rêvée…