Par Suzie
Photos : La Cardinal Photographe
Aujourd’hui, je sais qui je suis. Demain? Oh, je ne peux te dire. Je ne sais pas quelle peau je porterai et encore moins quelle personnalité j’adopterai. On verra ça demain.
Énervez-vous pas trop, je ne suis pas en train de vous annoncer avec des beaux mots que je suis personnalité limite. C’est une manière littéraire de dire que… Je suis le genre de fille qui suit la vibe et qui oserait dire qu’elle vit peut-être un peu trop dans le moment présent.
Quand j’étais plus jeune, j’aimais bien dessiner la route de mon destin dans ma tête et me l’imaginer. Pendant des années, je faisais tout ce qui était en mon pouvoir pour placer chaque point sur la mappemonde de ma vie et je m’assurais que tout concordait et que tout se synchroniserait pour se relier et se tenir bien fort ensemble. Il n’y avait pas de plan B si un des points placés décidait de me quitter. De m’abandonner comme un égoïste et un simple lâche, comme ça, me laissant là, planter toute seule avec les deux pieds vissés dans le ciment et les deux bras chaque côté de moi, tombants. Mon itinéraire était calculé avec une telle précision que je ne pouvais même pas me permettre de perdre une goutte de mon essence ou de faire une crevaison au passage. Vous comprenez? Ma vie était idéalement dessinée, imaginée et rien ne pouvait la modifier.
Et puis maintenant, plus rien de ça est encore là. La carte de ma vie s’est perdu, je ne sais pas trop ou et je ne sais même pas sur quel continent. Je crois que c’est une sorte de changement qui s’est fait seul. Sans me demander la permission et sans que je lui donne raison. Petit changement con. Oui? Ou… peut-être non?
En vieillissant, je crois que la vie m’a peut-être fait ce cadeau. Peut-être qu’elle trouvait que j’en voulais ou que j’en faisais trop. Peut-être qu’elle trouvait que mon parcours n’était pas si beau. Peut-être qu’elle m’a tout débalancé pour voir mes yeux s’ouvrir sur le monde. Sur le reste du monde. Sur les autres mondes, qui n’étaient pas mien. Parce qu’à force de toujours trop tracé sans se donner le droit d’effacé, ça fini par être trop ou pas assez parfait. Ça fini par le fait qu’on ne voit que ses traits, que ceux que nous traçons sans pourtant laisser une chance aux autres possibilités qui se trouvent sur le même horizon.
Étonnement, je suis maintenant l’inverse à 27 ans. Depuis quelques années, bien que ce changement ou plutôt cette semi prise de conscience se soit étendu sur quelques centaines de jours, j’ai changé. Je ne peux vous dire encore une fois si c’était mon choix ou pas. Je crois que ma mentalité a évoluée. Que mes idées sont peut-être parfois moins réfléchis, mais j’ai vieillit aussi. La sagesse s’est entre-mêlée elle aussi au party et avec le reste de la bande de caractéristiques qui forment maintenant ma personnalité, ils m’ont changé.
Je ne peux également vous dire si c’est bien ou si c’est mal. Tout ce que je peux vous dire, ce sont mes envies d’aujourd’hui. Mes plans pour aujourd’hui. Que maintenant, dans le moment présent durant lequel je tape ces mots sur mon clavier, j’habite dans un grand appartement, que je suis en couple, que je travaille dans les technologies, que j’aime être avec mes amis, que j’aime écrire des mots qui vous chavirent… Mais demain?
Oh, je ne peux vous dire. Parce que même si l’article se termine ici et que j’ai longuement réfléchis… Je ne sais pas quelle peau je porterai et encore moins quelle personnalité j’adopterai.
On verra ça demain.