Par Valéria
Être nanny dans un autre pays, c’est une façon de voyager à pas cher et pendant longtemps. Tu peux t’évader du Québec pour quelques mois pour apprendre une autre langue et t’imprégner d’une autre culture. Si t’es comme moi, tu as sûrement rêvé de partir pendant longtemps. Aujourd’hui, je vous partage les bons et les mauvais côtés de mon expérience de gardiennage à Grenade.
Trouver comment partir longtemps
En 2009, après mon Cégep, je m’étais donné comme objectif de partir au moins 6 mois dans un autre pays pour parfaire mon espagnol appris pendant l’été au Mexique et découvrir une autre culture. Je m’étais inscrite au programme de Jeunesse Canada Monde, mais malheureusement la destination à laquelle ils m’avaient associée était le Mali,.. et je me voyais mal apprendre l’espagnol là bas! Je dois aussi avouer que c’est l’esprit de l’Amérique latine qui m’appelait: la rumba, la danse, la chaleur, les palmiers et les plages. Par contre, j’ai bien vite réalisé que sans budget, ce serait plus compliqué de partir longtemps en Amérique latine et que mes options étaient limitées.
Fille au pair
Bref, j’ai trouvé le site de Fille au pair. C’est un concept intéressant pour voyager quand on est jeune. Ça se passe surtout en Europe et en Amérique du Nord. L’idée c’est que tu es logée et nourrie par une famille et en échange tu donnes quelques heures de ton temps (voir du temps plein) à t’occuper de leurs enfants! Les familles font souvent ça pour permettre à leurs enfants d’apprendre une autre langue, souvent l’anglais. J’ai donc envoyé ma candidature à plein de famille en Espagne. Le lendemain, j’avais déjà des réponses. J’ai choisi ma famille au feeling. Résultat: 4 enfants et un chien à m’occuper pendant 3 mois! Tout un défi qui m’attendait…
Le clash de culture
19 ans. Je prends l’avion toute seule pour la première fois. Mon père était venu me porter et m’a dit au gate: ‘Quand tu vas passé la ligne ici, tu seras toute seule, Plus de maman et papa avec toi. Tu seras une grande fille’ avec un petit sourire nostalgique de voir son bébé partir à l’aventure. Ça y est. J’avais les yeux pleins d’eau et je commençais à réaliser dans quoi je m’embarquais.
Arrivée à Grenade, j’avais une petite famille bien sympathique qui m’attendait avec une pancarte de ‘Bienvenida Valeria’. Tsé comme dans les films là! Mon aventure commençait pour vrai…
Arrivée à Grenade, ville au sud en Andalousie, je suis tout de suite tombée en amour. La ville était moderne, grande, mais pas trop, chaleureuse et mouvementée. Moi qui venais de la campagne d’un village de 700 habitants et qui avait étudié à Sherbrooke, je dois dire que j’ai vraiment aimé mon expérience d’habiter au centre-ville de Grenade. Tout était à ma disposition. La ville est séparée en plusieurs quartiers: gitan, arabe, juif et espagnol. Il y a beaucoup de variété de paysage, l’Alhambra (super château arabe) et des étudiants de partout dans le monde! C’est aussi la ville la moins dispendieuse et celle avec le plus de bars par habitant. Ouh la la… vous avez bien compris! À 19 ans, j’étais plus que comblée!! J’allais gagner 400 euros par mois en plus! J’allais finalement pouvoir être ici que 3 mois à cause de l’histoire du bon vieux visa, mais 3 mois c’était une belle compensation pour avoir fini le Cégep!
Première claque dans face
La première semaine, tout est beau. Tu es la nouvelle dans la famille. Tout le monde te sourit tout le temps. Mais la routine s’est vite installée. Les sourires ont diminué. Après, j’ai réalisé que les plus vieux, celle de 8 ans et celui de 11 ans commençaient à être trop à l’aise à mon goût. Ils commençaient à me manquer de respect. Le stress a commencé à s’installer. Quand arrivait 14h15, je savais qu’ils allaient rentrés bientôt de l’école et que ça allait être assez compliqué merci de gérer 4 enfants, donner des cours de français et d’anglais à chacun après qu’ils aient passé toute la journée à l’école et finalement donner le bain à tout le monde! Cerise sur le sundae, le p’tit de 2 ans était capable d’ouvrir les portes et ne voulait rien savoir de rester avec moi quand il savait pertinemment que sa mère était dans l’autre pièce. Le chien sortait… et la mère me chicanait! Bref, j’ai fini par développer une hypothèse concernant l’attitude des 2 plus vieux: ces enfants-là se sont blessés à toujours s’attacher à différentes nanny et ils ont décidé de ne plus les aimer. J’étais donc dans la catégorie ‘on ne veut pas s’attacher à toi parce qu’on sait que tu vas quitter nos vies’. Et je me suis accroché à l’amour de la petite de 5 ans. Mon ange. Elle était encore à l’âge d’être malléable et ne comprenait pas encore la réalité des plus vieux. Je pense qu’aujourd’hui, si je ne l’avais pas eu, j’aurais abandonné en chemin.
Ma solution
J’ai commencé à sortir beaucoup. Heureusement, dès ma première semaine là-bas. Je me suis fait une amie de fille qui était aussi nanny comme moi. Elle, chanceuse, n’avait qu’une seule fille de 6 ans à s’occuper. Nous étions toujours ensemble en dehors de nos horaires de travail. Des inséparables. On sortait toujours le soir. On explorait tous les bars de la ville! Que locura! Malheureusement, la fatigue s’est un peu installée et a probablement rajouté un peu de difficulté à mon expérience de nanny.
Partir c’est jouer à la loterie
Enfin, je pense que de partir comme ça dans une famille ou dans une autre sorte d’aventure, c’est toujours comme jouer à la loterie, Tu ne sais jamais sur quoi tu ne vas tomber et quels seront les obstacles sur ton parcours. Mais au final, je réalise que ça en vaut toujours la peine parce que tu accumules un bagage et des connaissances sur la vie que personne ne va jamais pouvoir t’enlever. T’apprends à te connaître, à faire la paix avec tes défauts et tes faiblesses, à tenter de te dépasser et surtout, tu gagnes confiance en toi comme nouvelle adulte. Mon amie Aliisa a renouvelé son contrat de 9 mois de nanny. Aujourd’hui, elle est graduée de l’Université de Grenade, elle est mariée à un espagnol, a une petite fille de 2 ans et attend un petit garçon pour juin. On ne sait jamais ce que la vie nous réserve. Tout ce qu’on sait quand on embarque dans l’avion, c’est que ce sera un chapitre de notre vie qui vaudra la peine d’être vécu et restera gravé à jamais.
Laissez-vous pas faire par ce que les gens diront…
Tout le monde me disait: ‘oh mon dieu, tu ne retourneras pas aux études!’. Ben coudonc, ça l’arrive de se tromper. Ils étaient juste jaloux faut croire! J’ai arrêté deux ans entre mon Cégep et mon Bac et un an après mon bac. Me voilà gradué à la maîtrise…. Prouvez-leur ce que vous avez dans le ventre les petites simplistes et à l’aventure! Let the show begin!
Valéria xox