Par Jessica


Mise en contexte rapide : je termine ma troisième année d’université en enseignement préscolaire et primaire, comme plusieurs le savent déjà. J’ai eu donc la chance (ou le malheur?) de faire des stages dans plusieurs classes de niveau préscolaire et primaire dans les trois dernières années de ma vie.
Je fais un petit historique du pourquoi je me retrouve dans ce domaine en 2017 : depuis que je suis toute mini, mon plus grand rêve était de devenir la prochaine Mademoiselle Charlotte, enseigner dans une classe, tenir des manuels scolaires dans mes mains toute la journée et corriger dans mon petit bureau à la maison les soirs de semaine. Bon, dit comme ça, on pourrait presque dire que je souhaitais avoir une vie plus que moche, mais je ne le voyais pas comme ça. On dit souvent que quelques métiers sont une vocation. Enseignant, c’est une vocation. Tu ne sais pas pourquoi un jour tu développes cet intérêt, mais tu l’as. Tu le veux plus que tout, devenir professeur. Au fil des années, tu vieillis et tu deviens plus lucide sur ce que ce métier implique (non, je ne parle pas des 3 mois de congé par année, lancez-moi pas sur ce sujet). Mais tu ne sais pas dans quoi tu t’embarques tant et aussi longtemps que tu ne débarques pas plus d’une journée dans une classe remplie d’élèves. Je me rappelle de ma première journée d’université où je ne me tenais plus sur ma chaise. J’avais si hâte de commencer les stages, de m’impliquer dans des écoles, d’enseigner les mathématiques, le français, les arts plastiques, etc. Bref, j’ai désenchanté assez vite.
Ce texte est mon opinion pure et dure. Je me base tout de même sur des choses que j’ai vécues au cours de mon expérience personnelle. Vous n’avez pas à être de mon avis, vous n’avez pas à être d’accord avec moi ou encore remettre votre choix de carrière en question, mais c’est la réalité dans laquelle les enseignants baignent, ce que les spectateurs ne voient pas, ce que tout le monde ne pense pas, ou encore ce que le reste de la Terre ne veut pas voir, du pur déni. L’enseignement, c’est des humains qui éduquent nos enfants, des humains qui se battent quotidiennement, c’est un métier imparfait, mais rempli de personnes passionnées prêtes à tout donner pour les quelques vingtaines de têtes qui se trouvent devant eux 180 jours par années.
Le groupe d’élèves
Ce qu’on vit en réalité, c’est un groupe d’élèves diversifié : des élèves forts, des faibles, des troubles de comportements, des troubles d’apprentissages et j’en passe. Des classes « spécialisées »? Faites-moi rire, il n’y a en plus. On retrouve des élèves de toute sorte dans nos classes afin de bien les intégrer, leur éviter le rejet par les pairs, ne pas les laisser de côté. Je ne peux qu’être d’accord, mais à quel prix? Ce qui se passe, c’est que je ne me retrouve pas qu’avec un élève turbulent ou en difficulté, mais plusieurs. Certains vont me dire, je le sais déjà, « Mais t’as choisi ce métier-là! Endure! », ou encore « T’es pas censée être formée pour ça? ». Le problème que je vois, ce n’est pas moi et bien moins ma capacité à gérer ces élèves. Le point noir de la chose, le vrai de vrai, ce qui me donne de l’eczéma, c’est la situation dans laquelle je dois mettre constamment mes élèves qui ne présentent aucun trouble, qui veulent avancer et apprendre. Il faut faire une grande nuance dans ce que je dis ici. Je ne suis pas contre l’idée d’intégrer des élèves ayant des troubles particuliers dans ma classe. Au contraire, j’adore m’occuper d’eux, c’est un constant défi, c’est une tâche qui me passionne. Je ne dis pas non plus que ces élèves ne veulent pas avancer et apprendre. Mais je dois avouer que d’un autre côté, je pense aux enfants qui n’en peuvent plus que je ne m’attarde pas autant à eux que je le pourrais si j’avais moins d’élèves en difficulté dans ma classe.
La réalité, la vraie, c’est que les enseignants se démènent à vouloir aider et faire progresser les élèves équitablement, à s’adapter aux besoins de chacun dans un temps ô combien restreint. C’est impossible. Il y a toujours des élèves qui vont drainer notre énergie plus que les autres, nous empêchant, malgré toute notre volonté, d’en donner à d’autres. Certains ont l’impression que les élèves forts n’ont pas vraiment besoin qu’on leur donne de l’attention et qu’on les accompagne. Faux, faux et faux. Il est primordial qu’on puisse les aider à tout moment, mais c’est parfois une tâche très difficile. Ces élèves dans la classe des A et des B ont droit à l’attention nécessaire pour les faire avancer. Je pète ma coche, oui, parce que ces enfants n’y peuvent rien, et malheureusement, nous, simples profs, ne pouvons pas faire changer les choses comme on le voudrait.
Les parents
Toi, oui, toi, seras-tu le prochain parent dont tous les enseignants parleront à leur pause diner? Assure-toi que ce soit en bien, parce que les nouvelles vont vite!
Inévitablement, les enseignants doivent dealer avec les parents des petits cocos. Ces deux personnes ont une énorme influence dans la vie des élèves à l’école. On ne le dira pas assez, mais les parents sont notre meilleur allié. Ils peuvent malheureusement être parfois une belle grande branche dans notre roue qui nous empêche d’avancer.
Avant de faire une montée de lait, je présente le côté de la médaille qui m’a été souvent présenté, mais qui, je le sais très bien, ne sera pas le seul que je verrai au cours de ma carrière. J’ai pu voir des parents investis dans la vie de leur enfant. Ils communiquent avec l’enseignant, demandent des conseils quand ça va moins bien, aident leur enfant à faire les leçons et devoirs. Il ne faut pas oublier que les enseignants et les parents sont une équipe. Dans mon cas personnel, je crois qu’on ne doit pas être une personne que l’on redoute. Beaucoup de gens ont compris et collaborent facilement.
Notre belle réalité frappe encore une fois en plein visage. Certains parents se foutent complètement de ce que leur enfant fait à l’école. Il peut être difficile de faire progresser un élève quand le parent ne fait qu’être un ennemi qui ne veut pas que vous « lui disiez quoi faire à la maison », parce que « la maison, c’est pas l’école, je suis le parent je ne dois pas écouter les conseils d’une enseignante qui côtoie mon enfant 6 heures par jour ». Loin est l’intention des enseignants de dire aux familles quoi faire à la maison. Wô minute! On sait très bien, par contre, avec l’expérience qui nous habite, ce qui est bénéfique et nocif pour l’enfant. Arrêtez de nous voir comme des personnes qui se prennent pour d’autres, qui essaient de « manipuler votre vie comme des marionnettes », qui jugent trop vite, des personnes qui ne connaissent pas votre enfant, bla bla blaaaaaa… Ça, je vous le dis, ça ne plait à aucun enseignant. On est beaucoup plus compréhensifs que certains ne le pensent. Dans le fond, le but de tout le monde, c’est de faire réussir un enfant. Ce n’est pas un beau but commun ça? On peut-tu s’entendre et faire équipe?
Malgré tout, enseigner est un métier merveilleux. J’adore voir les yeux des enfants comprendre quand je leur explique, quand on fait un projet motivant et quand on prend un petit deux minutes pour faire des blagues entre deux matières. Il faut savoir passer par-dessus les points négatifs pour voir toute la beauté de ce que c’est, être un prof.
Bref, je sais que je t’ai teaser à mort, je sais que tu veux en savoir plus, connaitre des détails pas croustillants et peut-être plus drôles. Ne t’en fait pas! Une suite existe à cet article : des faits que j’ai pu observer à travers le temps qui te fera rire assurément.
Je suis tout de même curieuse de connaitre ton opinion sur mon sujet, que tu sois dans le métier ou non. Let’s talk!
À bientôt les Simplistes! xoxo